Culture Maorie

Je vais essayer de vous parler (du mieux que je peux) de la culture Maori, grâce aux informations données par Rima durant ma semaine à Motueka. Il est possible que certains détails soit erronés, du fait de la barrière de la langue. J'espère juste pouvoir vous faire partager tout cela au mieux. Durant mes visites de tous ces lieux, j'avais tellement d'informations à noter que j'ai demandé à Rima de l'enregistrer sur dictaphone
Pour écrire cette page, j'ai aussi puisé des informations sur ces sites internet très bien fait pour ceux qui le souhaitent.

- Site des Frogs
- Site de la société "Ngati Rarua Atiawa Iwi Trust"

LA LANGUE MAORIE
Il est intéressant de noter que le mot « maori », lui-même ne prend sa signification qu’avec l’arrivée des Européens. En Te reo Maori, la langue maorie, le mot « maori » signifie ordinaire, et « tangata maori », les gens ordinaires, c’est à dire, à la fin du 18e siècle, ceux nés à Aotearoa et qui en parlent la langue. Le mot ne prend tout son sens qu’opposé à son contraire : « pakeha », celui qui n’est pas maori.
Pour plus facilement comprendre l'ensemble de la page, je vais commencer par son histoire et un peu de vocabulaire. Sachez que la prononciation des mots est très similaires au Français.

Aotearoa  (la terre du long nuage blanc ) : la Nouvelle-Zélande
E noho ra  : au revoir (à celui qui reste)
Haka  : rite guerrier repris par les All Blacks avant les matchs de rugby
Haere mai  : bienvenue
Haere ra  : au revoir (à celui qui part)
Hapu  : sous-tribu
Iwi  : tribu
Kai  : nourriture
Ka kite ano  : au revoir, à bientôt
Kapai ! : super !
Kei te pehea koe?  : comment ça va ? (à 1 pers.)
Kei te pehea korua?  : comment ça va ? (à 2 pers.)
Kei te pehea koutou?  : comment ça va ? (à 3 pers. et plus)
Kia ora  : bonjour, bonne chance
Kumara  : patate douce
Mana  : prestige, fierté
Maoritanga  : culture maorie
Marae  : espace communautaire de la tribu
Moko  : tatouage sur le visage
Ngati, Ngai  : tribu. Ex. Ngati Toa
Pakeha : différent, étranger. Nom donné aux Néo-Zélandais d’origine européenne
Paua  (haliotis ) : ormeau, abalone
Ponga  : fougère arborescente
Pounamu  (greenstone ) : néphrite (jade)
Tangata Whenua  : le premier peuple, les Maoris
Tapu  : sacré, tabou
Tena koe  : bonjour (à 1 pers.)
Te reo Maori  : la langue maorie
Tiki  : figurine porte-bonheur sculptée qui se porte autour du cou
Wai  : eau
Whakairo  : art de la sculpture
Whanau  : groupe familial étendu


maori_langue_repartition
REPARTITION DES LOCUTEURS
ARRIVEE DES MAORIS

D'après de nombreuses études scientifiques, les Maoris sont donc arrivés vers 1300 sur les côtes de Nouvelle-Zélande à bord de "Waka" (pirogues) en provenance de Hawaï. Les premiers arrivés se sont d'abord installés sur l'île du nord. A force d'étendre leur colonisation, les dernières tribus arrivées ont migrées vers l'île du Sud. Sur 79"iwi" (tribus) présentes officiellement en Nouvelle-Zélande, seules 8 d'entre elles se trouvent dans l'île du Sud, dont la tribu de Rima : Ngati Rarua.

LEUR HISTOIRE

1250-1350 : Les premiers colons maoris arrivent sur Aotearoa.
1642 : Abel Tasman est le premier européen a débarqué en Nouvelle-Zélande. Certains membres de son équipage se font tués par les maoris dans Golden Bay. Tasman baptisera le lieu la Baie de Assassins.
1769 : Cook fait le tour et cartographie tout le territoire.
1788-1840 : les îles de Nouvelle-Zélande font officiellement partie de la Nouvelle Galles du Sud (Australie).
1840 : le Traité de Waitangi est signé le 6 février en présence de 40 chefs de tribu maori. Il a pour but de rendre la Nouvelle-Zélande officiellement une colonie britannique. Le traité est court avec 3 articles :
  • L'article premier reconnaît la souveraineté de la Couronne d'Angleterre sur la Nouvelle-Zélande ;
  • l'article deux garantit aux chefs signataires le maintien de leurs prérogatives et possessions immobilières. Il précise également que les Māori ne peuvent vendre leurs terres qu'à la seule Couronne ;
  • l'article trois garantit l'égalité des droits entre Māori et sujets britanniques.
Des différences significatives existent cependant entre les versions anglaise et māori du texte. L'interprétation du traité par les maoris n'est donc pas la même. Par exemple, le concept de propriété foncière dans le monde māori étant sensiblement différent de celui en vigueur dans le monde anglo-saxon, cela devint effectivement source de problème : les chefs māori se voyaient comme des kaitiaki, ou gardiens de la terre, et confiaient dans la pratique l'usage d'une terre pour un temps et dans un but donnés. Il est possible que certains des signataires pensaient vendre l'usage de la terre plutôt que la terre elle-même.
1845-1846 : Malgré l'interdiction aux colons européenns d'acheter des terres aux Maoris, des transactions douteuses ont eu lieu. Voulant arrêter de vendre leurs terres, des conflits sont apparus et les maoris se sont rebellés d'où les "guerres maories". Cela eut pour conséquence  la confiscation d'une grande partie des régions Waikato et Taranaki par la Couronne !
Concernant la tribu Ngati Rarua,...
1869 : Une commission maori se crée pour réunir les preuves nécessaires de la propriété des terres

Merenako
1878 : Dans la région de Motueka, Merenako est la première Maorie à envoyer au Parlement une pétition contre la confiscation de ses terres.
1900s : Création d'une école d'agriculture et pour l'industrie
1980 : Premières réelles confrontations. La tribu apporte des soumissions pour se battre. Ils vont chanter leur histoire pour leur cause devant le Tribunal.
1988 : La tribu continue à réunir des preuves
1990 : Les autorités reconnaissent finalement la tribu comme propriétaire des terres agricoles concernées
1993 : La société "Ngati Rarua Atiawa Iwi Trust" est créé pour la défense des terres et des valeurs de la tribu sur Motueka

En Nouvelle-Zélande, de nombreuses tribus attendent encore de passer en jugement pour récupérer leurs terres !

LA TRIBU "NGATI RARUA / TE ATI AWA"

Cette tribu est donc la population locale originelle de Motueka et ses environs. Elle était composée à l'origine de 94 "tupuna" (ancêtres) de Ngati Rarua et 15 "tupuna" de Tiatiawa. Au cours des décennies, certaines tribus ont fusionné suite à des mariages entre chefs de tribus. La chef de la tribu Te Ati awa s'est marié par deux fois avec un membre de la tribu Ngati Rarua. Ainsi, elle a pu hérité de nombreuses terres. Ceci a permis de former une alliance entre les 2 tribus. D'ailleurs, le grand-père était un Ngati Rarua alors que sa grand-mère était une Te Ati Awa. La communauté Maori de Motueka est actuellement de 80 à 100 personnes. Par contre, sur l'ensemble de notre planète, la tribu Ngati Rarua représente près de 500. D'après Rima, il y aurait peut-être des membres de sa tribu en Bretagne !

Stoppons directement les clichés ! Chaque famille vit comme tout le monde, dans une maison à Motueka. Les traditions Maori font que la plupart vivent proche de leur famille. Ainsi, Dennis et Rima partagent le même terrain que leur fils et que la soeur de Rima. Les seuls moments où la tribu est regroupée sont durant des célébrations traditionnelles, des mariages, des activités hebdomadaires (chant, danse, cours de langue...) organisés par des membres de la tribu. Tout cela se déroule dans leur Marae.
Lorsque Rima se déplace en Nouvelle-Zélande, elle se présente à une autre tribu de cette manière :
"Je suis de Motueka. Mes parents cultivaient des champs de tabac. Mes montagnes sont Puke one et Te Ao Wharepapa. Mes rivières sont Motueka et Ruimaka. Ma mer est Mohua (Tasman sea). Ma Iwi est Ngati Rarua. Mes ancêtres sont arrivés à bord du Tainui Waka. Mon Wharenui est
Turangaapéké."

LE MARAE (prononcé Maraï)
Le marae est l'espace communautaire fermé d'une tribu maori. Il est formé de différents bâtiments aux utilisations bien définies où activités religieuses, administratives, de loisirs, politiques et sociales ont lieu. A l'origine, le terme "marae" désignait la cour qui faisait face au Wharenui.



Le marae de Motueka est composé de :
- le Wharenui, la maison d'accueil
- le Te Awhina, une salle polyvalente pour accueillir les activités et les repas
- les bâtiments administratifs de la société "Ngati Rarua Atiawa Iwi Trust"
- un complexe de logements pour les seniors
- un centre de soutien social et médical
- une salle de sport et informatique
- un atelier de gravure pour la fabrication des totems
- une école maternelle (preschool)
- l'église

Le but des prochaines années est de développer l'économie interne de la communauté. Pour cela, il doit séparer les parties culturelles et traditionnelles des bâtiments destinés au business. Lors d'un enterrement dans le marae, toute activité est interdite durant 3 jours. Pour éviter cela, ils vont concentrer les bâtiments administratifs à une extrémité et la délimiter par un mur pour que l'administration continue à tourner durant une période d'enterrement.

LE WHARENUI
Turangaapéké est le nom donné au Wharenui de Montueka. C'est un des ancêtres de la tribu Ngati Rarua. Le Wharenui est considéré comme la maison mère d'un Marae. C'est une pièce qui vit et respire comme un être humain. Toutes les sculptures de guerriers et d'ancêtres se trouvant dans le Wharenui ont été réalisées par des sculpteurs Maori. Une école de sculpture a été créée au sein de la communauté. Ces sculpteurs ont donc dédiés à leur communauté des années entières de leur vie pour réaliser tout cela.

Le Wharenui est donc la maison d'accueil d'un marae. Le lieu accueille les visiteurs de la communauté. Ces derniers peuvent donc dormir sur des matelas au sol. L'entrée se fait sans chaussures. Le Wharenui accueille aussi les cérémonies traditionnelles et les conseils importants liés à la vie de la tribu. Rima m'a expliqué que le Wharenui est comme une pièce "où tout peut être dit mais rien n'en sort". Par exemple en France, une personne peut être en conflit avec un collègue de travail. Si ces deux personnes sont amis dans la vie privée, cela peut avoir des conséquences sur leur amitié. Dans la société maori, tous les conflits qui ont lieu dans le Wharenui reste à l'intérieur.

Le “Tanui Waka” est le canoë avec lequel la tribu Ngati Rarua (et d'autres tribus) est arrivée en Nouvelle Zélande. Les Maoris sont arrivés vers 1800 en provenance d'Hawaï. Le guerrier qui se trouve au sommet du Wharenui représente celui qui se trouve avant du canoe. Il cherche une terre à l'horizon. Une fois dans les zones froides de l'Antarctique, il s'est dit “ici cela commence être trop froid il ne faut pas aller plus au Sud.” Et en faisant demi-tour, ils ont trouvé les terres qui sont aujourd'hui la Nouvelle Zélande.

Intérieur d'un Wharenui
 La prise de photos est interdite dans le Wharenui de Motueka (pour éviter les copies de sculptures et motifs). 
L'architecture d'un Wharenui est considéré comme le corps d'une personne avec au sommet une longue frise de motifs représentant la colonne vertébrale. Les motifs en rouge et noir sont à l'origine réalisés avec de l'ocre et du charbon. L'entrée couverte est la cage thoracique. Dans le Wharenui de Motueka, les deux piliers centraux sont symbolisés par deux frères guerriers, l'un venant de Blenheim, l'autre de Spring Junction. Des canvas faits à base de lin sont accrochés au mur. Sur chacun figure un objet pour symboliser la religion, l'agriculture, la chasse... Enfin, douze statues recouvrent les murs de la maison. Ce sont les douze pirogues qui sont arrivées en Nouvelle-Zélande.
Le Wharenui est donc une pièce sacrée. Manger ou boire à l'intérieur est interdit  !

TE AWHINA
C'est donc la salle commune où les repas sont pris lors de célébrations. Des cours de danses et de chants y sont proposés.





TE URUPA


J'ai eu le privilège de visiter le nouveau cimetière maori de la communauté. Il est composée de 2 parties. 
- Le vivant avec ce jardin avec des bancs et un abri. Dans celui-ci trouve une chronologie des évènements historiques de la tribu Ngati Rarua depuis 1800. Sous le préau est présenté un cercle “kuru” où s'entremêlent deux formes bleu et vert (comme le bout des fougères qui s'enroule sur elle-même) Le Kuru symbolise le début de la vie. Le bleu représente Tangaroa “le dieu de la mer”. Le vert représente Papatūānuku “la déesse ou la mère de la terre”. La terre est symbolisée par une femme car c'est celle qui apporte la vie.
La Terre s'est formée par le dieu du ciel “Ranginui”, le dieu de la mer Tangaroa” et la déesse de la terre “ Papatūānuku”.
- La mort se trouve de l'autre côté de la clôture où les tombes sont placées.



On retrouve les deux frères du Wharenui, gardiens du cimetière.


Rima va rapporter le placenta “ewe” de son petit-fils lors de son voyage en Australie. La famille va l'enterrer dans le cimetière à leur retour.

LE POWHIRI








Le Powhiri est une cérémonie traditionnelle ayant lieu plusieurs fois par an afin d'accueillir des visiteurs dans la communauté. J'aurai pu en faire partie mais malheureusement ce n'était pas la bonne période. Il faut un nombre minimum de visiteurs afin d'organiser un Powhiri. Les périodes les plus fréquentes sont lors du Waitangi Day, le 6 février, ainsi qu'à Pâques. Dans les temps anciens, où les tribus pouvaient être en conflit, le Powhiri était donc une cérémonie d'accueil. La tribu locale accueille dans son Marae une ou plusieurs tribus voisines. Il y avait un long processus à respecter, dans lequel certaines parties peuvent varier suivant les règles de vie de chaque tribu.

Aujourd'hui, la tribu qui est accueillie peut être donc soit une réelle tribu ou de simples visiteurs (Maori ou non, étrangers ou non) de passage dans le Marae.

Voici donc comment le Powhiri est réalisé aujourd'hui, régi par un protocole (kawa) strict.

Lors d'un Powhiri, les portes du Marae sont ouvertes. Tout le monde peut ainsi savoir qu'un Powhiri a lieu aujourd'hui. Avant que les visiteurs franchissent le Wahaora (préau au-dessus des portes d'entrée du Marae) pour rentrer dans la cour, la tribu accueillante s'est placée du côté gauche de la cour. 





Un guerrier de la tribu qui reçoit pratique le "wero" , une danse guerrière, en faisant virevolter son "taiaha" (lance de guerre) pour impressionner l’autre tribu. Il dépose ensuite sur le sol un présent rituel que le représentant de la tribu en visite accepte en signe de paix. La femme la plus âgée de la communauté va venir les accueillir en s'avançant vers eux. Elle va demander aux visiteurs si l'un d'eux sait réaliser un Karanga.






Un karanga est la “première voix du Marae” lors d'un Powhiri. En fait, dans chaque groupe (la communauté qui accueille et ce groupe de visiteurs), une personne, un orateur, “un Kai Karanga”, doit se charger de réaliser un Karanga. C'est un dialogue chanté, échangé entre ces deux orateurs. Le Karanga est divisé 3 parties. La femme qui accueille est toujours la première a commencé et a terminé le Karanga. La première partie concerne un discours de bienvenue. Elle va ensuite demander aux visiteurs de franchir les portes et d'entrer dans le cour. La deuxième partie permet aux visiteurs de se présenter, préciser de quelle tribu ou quelle région du monde ils viennent. Les visiteurs peuvent venir avec des photos pour présenter des membres leur famille ou pour parler de proches qui sont décédés récemment. La femme va se mettre à pleurer pour montrer son empathie et son respect. La troisième partie permet aux visiteurs d'expliquer la raison de leur venue.

L'orateur “visiteur” ne peut être ni un enfant ni une femme encore en âge de procréer car ils sont considérés comme sacrés, et donc à protéger. Il faut surtout se mettre en tête que cette cérémonie avait autrefois lieu en temps de conflits entre tribus. Ainsi, il fallait toujours se mettre sur ses gardes et protéger les personnes les plus fragiles de la tribu. Après le Karanga, les visiteurs viennent se placer sur le côté droit de la cour, les deux groupes se faisant face. Les femmes vont toujours se placées derrière les hommes et non en première ligne. On recherche par cela un équilibre des devoirs entre hommes et femmes de la tribu. On pourrait d'abord penser que les femmes devraient avoir le privilège de se placer devant. Mais le premier rôle de la femme est de donner la vie alros que l'homme est là pour protéger sa tribu et “cette vie”. Les femmes sont donc placées derrière ou au milieu pour être protégées. Le danger peut être aussi présent lors d'un Powhiri.Par la suite, la communauté accueillante va vérifier si les visiteurs sont vraiment des bonnes intentions. “Etes vous un ami ou non ?” Plusieurs manières sont utilisées. Un guerrier va s'approcher rapidement d'un visiteur pour le provoquer. Si le visiteur se met en position de défense, prêt à répliquer, cela veut sûrement dire qu'il n'est pas là pour la paix. Par contre, si le visiteur est surpris et recule, cela est un point positif. L'autre manière est qu'une femme guerrière vienne faire du charme aux guerriers visiteurs. Si ces derniers sont perturbés et charmés par ces “avances”, cela est à nouveau un mauvais point; contrairement à un visiteur qui ne va pas fléchir et “rester de marbre”. Une fois que l'oratrice est enfin assise, l'un des guerriers de la tribu locale va prendre la parole. Il va (toujours en chantant) expliquer les règles de vie de ce Marae. Puis il va chanter l'histoire de sa tribu et décrire leurs possibles exploits passés. Un des guerriers visiteurs va par la suite répliquer de la manière. Par contre, si l'une des oratrices trouve que son guerrier “s'évade” et devient intéressant dans ses propos (par exemple, s'il se fait à “se la raconter” et trop se vanter), elle peut directement lui couper la parole pour le faire taire reprendre son chant ! Dans le Marae de Motueka, deux guerriers de chaque tribu peuvent prendre la parole. Sinon, le Powhiri prendrait trop de temps.
Hongi
Enfin, les deux tribus vont se lever pour réaliser le Hongi. C'est une salutation très personnelle à chaque membre présent. Les 2 personnes se font face et se tiennent les mains puis ils vont s'approcher pour presser leur nez l'un contre l'autre. Cet acte symbolise la première respiration réalisée par le premier être humain sur Terre. Partir de ce moment là, le visiteur n'est plus un étranger et considéré comme l'un des leurs. Après cela, tout le monde se réunit à table pour manger tous ensemble dans le Wharekai. Le Hongi est aussi réalisé lorsque deux personnes proches ne se sont pas vues depuis longtemps. Elles peuvent y ajouter une bise sur la joue comme on peut le faire en France.
Haka

La cérémonie terminée, les tribus entrent dans le vif du sujet, discussions (korero) ou spectacles, ainsi que vous pouvez le voir dans certaines mises en scène touristiques à travers le pays (surtout à Rotorua). Au programme, "haka" (rituel guerrier), danses avec des poi (boules au bout d’un fil) et chants avec guitare et flûte. 

LE HAKA
 
L'histoire du haka - littéralement la « danse » - effectuée par les All Blacks avant le début d'une rencontre, se confond avec celle des Maoris, ces habitants d'Aotearoa, premier nom donné à la Nouvelle Zélande, qu'ont découvert des Polynésiens au 12ème siècle. Sans Maori, pas de haka, puisque l'un d'entre eux doit obligatoirement conduire la danse. (Il est même arrivé de faire appel à un Maori remplaçant le temps d'un haka). Sinon, la magie cessera. Le haka est un rite de la culture maori qui peut exprimer la joie, la colère, le désir de vengeance. Comme disent les anciens : Kia korero te katoa o te tinana , le corps tout entier doit s'exprimer. Ainsi, chaque geste, chaque expression porte un nom spécifique. Le pukana , par exemple, est traduit par des yeux exorbités rivés dans ceux de l'adversaire. Le whetero correspond au mouvement de la langue, utilisé seulement par les hommes. Le ngangahu est similaire au pukana, mais ce dernier est pratiqué par les deux sexes. Enfin, le potete (interdit aux hommes) est l'art de cligner des yeux à différents moments de la danse.



Te Rauparaha , qui a donné son haka aux All Blacks, fut un grand guerrier maori, chef de la tribu Ngati-Toa (né vers 1768, décédé en 1849). L'histoire raconte que, pour échapper à des ennemis, Te Rauparaha s'est caché dans une fosse sur les conseils d'un chef de tribu alliée. Les paroles du haka évoquent l'angoisse de Te Rauparaha (C'est la mort ! C'est la mort !) puis son soulagement une fois les ennemis partis (C'est la vie ! C'est la vie !). Quant à "l'homme poilu qui est allé chercher le soleil", la légende veut que ce soit Te Wharerangi, le chef de tribu, particulièrement velu, qui a aidé Te Rauparaha à quitter l'ombre de la fosse pour le soleil du jour. Pour le remercier, Te Rauparaha aurait dansé et chanté.


Les paroles
Frappez des mains sur les cuisses. Que vos poitrines soufflent. Pliez les genoux. Laissez vos hanches suivre le rythme. Frappez des pieds aussi fort que vous pouvez...
Ka mate ! ka mate !
Ka ora ! ka ora !
Tenei te ta ngata puhuru huru
Nana nei i tiki mai
Whakawhiti te ra
A upane ka upane
A upane kaupane whiti te ra! HI !!
C'est la mort ! C'est la mort !
C'est la vie ! C'est la vie !
Voici l'homme poilu
Qui est allé chercher le soleil et l'a fait briller de nouveau
Faites face
Faites face, en rang !
Soyez solides et rapides
Devant le soleil qui brille
Hi ! hi
  

 LE HANGI



Puis arrive le moment du "hangi" , le repas autour du plat cuit dans des braises enfouies dans la terre, un festin important pour tous !
Hangi signifie « four creusé dans la terre », d’après le procédé de cuisson dans le sol, similaire à l’umu polynésien. Cette technique traditionnelle consiste à faire cuire des aliments au fond d’un trou creusé dans le sol, sur des pierres chauffées à blanc. Une fois les pierres à la bonne température, on y dispose les paniers contenant les viandes (bœuf, mouton, volaille…), puis ceux avec les légumes (carottes, kumaras, patates, maïs). Le tout est protégé par des toiles humidifiées, puis recouvert de terre. 4 à 6h plus tard, on déterre le festin cuit à l’étouffée ! Certains opérateurs préfèrent malheureusement les fours électriques...
De nos jours, la cérémonie, lorsqu'elle concerne des rencontres réelles entre deux tribus maoris, ne comporte plus l'aspect guerrier et se fait en vêtements à l'européenne. Les étapes de l'entrée lente de la tribue invitée accompagnée par les chants des femmes de la tribu hôte précedent de longs discours (korero) d'introduction en maori sur les tribus respectives et la bienvenue. Seules les spectacles touristiques proposent encore la version ancestrale en costume.

L'ENFANCE DU PERE DE RIMA EN ORPHELINAT
 
Dans les années 1930, les enfants et étudiants Maoris étaient séparés de leurs parents. Ils étaient placés dans un orphelinat pour “leur apporter une meilleure éducation”. Dans cette région, comme dans beaucoup d'autres, les colonisateurs blancs pensaient que les Maoris n'étaient pas assez intelligents pour entretenir, gérer et cultiver leurs terres. Chaque famille Maori avait en moyenne 8 à 10 enfants car pas de contraception. Le père de Rima, Pape, a été donc placé dans cet orphelinat par son grand-père. Il était un peu trop turbulent mais surtout ne voulait pas se soumettre à quelconque autorité. Il ne voulait pas s'adapter au système mis en place par les blancs. A l'orphelinat, il était pas maltraité, battu régulièrement. Dans la culture Maori, les insultes ou jurons ne sont pas utilisés. On peut se battre physiquement mais on ne jure pas. Ainsi, pour énerver le grand-père de Rima, Pape avait l'habitude de jurer en sa présence, d'où son placement dans cet orphelinat. Mais la grand-mère de Rima n'était pas heureuse de la situation. Elle avait donc pris l'habitude de venir voir Pape en douce, avec des bonbons, des choses qu'il adorait, sans que le grand-père ne le sache. Pape était souvent puni et enfermé dans un abri à l'extrémité de l'orphelinat. La matrone était une forte femme qui détestait Pape mais il le lui rendait bien. Lorsque la matrone lavait ses sous vêtements, puis les faisait sécher, Pape se faufilait dehors pour aller faire des trous dans les culottes et soutien-gorges ou alors y mettait le feu !! Un vrai garnement ! Par contre, il était toujours très loyal avec les autres car il se dénonçait toujours pour ne pas que les autres enfants ne soient punis à sa place. Il aura passé près de quatre années dans cet orphelinat. Lors de la création de Ngati Rarua Tiatiawa Trust, la tribu a pu reprendre possession de cet orphelinat et des terres autour. Par contre, l'argent investi dans la gestion de l'orphelinat était destiné au peuple Maori par la suite. Ils n'en ont jamais vu la couleur ! Une partie de l'orphelinat était l'école. Lors de sa fermeture, le bâtiment a été déplacé sur des rondins de bois et tiré par un tracteur. L'école se trouve maintenant dans le marae et forme Te Awhina, la salle polyvalente accueillant les activités hebdomadaires (chant, danse, repas...)


 
LE MOKO















Le tatouage traditionnel sur les visages des maoris est le moko. Les femmes ont simplement un tatouage sous la bouche (et parfois sous les joues). Les hommes peuvent avoir le visage totalement recouvert. Les tatouages en dessous du nez correspond à toute la partie physique de la personne tandis que tout ce qui se trouve au dessus du nez correspond au spirituel. J'ai cru comprendre les inscriptions sur la joue gauche était lié au père et sur la joue droite à la mère.
Aujourd'hui, les Maoris adoptent des tatouages plus contemporains, sur les bras ou les jambes. Rima m'a expliqué son tatouage sur son avant bras est en fait son arbre généalogique. Chaque zone du tatouage correspond à un membre de sa famille. Et donc, vu que l'un de ses fils n'a pas encore d'enfants, elle a gardé une zone vide qui leur sera destinée.

KARIAKA, UN HOMMAGE A LA TERRE
 
J'ai pu assisté à cette cérémonie à Keteriteri, avant le lever du soleil. Elle a lieu lorsqu'une construction (maison, immeuble, commerce...) est réalisée sur une terre maorie. Une fois les fondations posées, des membres de la tribu locale se réunissent sur le chantier. Un trou est creusé dans le sable des fondations. Après de multiples chants, pour remercier la terre de leur permettre de vivre chaque jour, des pierres sont posées au fond du trou puis enterrées. L'une d'elles provient du lit de la rivière Motueka. Les autres sont des pierres de l'ancienne construction. C'est donc une offrande qui est faite à la terre pour "la" remercier d'accueillir ce nouvel édifice et de le "protéger".
L'ENTERREMENT

Lors d'un décès, le corps reste dans le Wharenui. Au bout de 3 jours, les maoris estiment que le corps et l'âme se sont séparés. Ainsi, le corps peut être enterré dans le Urupa. Dans la tradition maori, si une jeune femme décède, ses parents ou ses frères/soeurs ont tous les droits sur le mari ou les enfants de celle-ci. Ainsi, si les relations sont mauvaises, les parents de la défunte peuvent débarquer dans la maison, et sans dire un mot, emporter le corps de leur enfant chez eux, là où elle est née. Heureusement, aujourd'hui, la loi néo-zélandaise interdit cela. La mère de Rima a d'ailleurs refusé, avant sa mort, que son corps soit ramené sur son lieu de naissance.

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