8/28-6 : Nouvelle-Calédonie

Je quitte les îles Fidji pour une autre île,... française. Cela parle déjà français autour de moi à l'aéroport. Voici une nouvelle anecdote "aéroport", après le passage d'un tire-bouchon à Paris lors du voyage aller, voici cette fois le tour d'un couteau ! (VIDEO) Dingue !

Dans l'avion, je suis confronté à une nouvelle situation curieuse. Avant d'atterrir, on nous fait remplir une fiche par passager. Mais je bloque sur certaines réponses... Aahhah !


Arrivé à l'aéroport de La Tontouta, je prends un taxi réservé la veille, pour rejoindre Nouméa à 45 minutes de là. Je savais que la vie était chère en Nouvelle- Calédonie mais payer 5000 pour une course de taxi !!!! Mais, non je rigole ! 3000 francs pacifiques. En ce moment, 1€ = 120 CFP. Comme chauffeur, je tombe sur un Nîmois, arrivé ici il y a moins de 9 mois. Il était venu passer sa retraite ici mais le niveau de vie l'a obligé à reprendre une activité professionnelle. Je le trouve un peu trop négatif, à critiquer le système français. Enfin bon, le français moyen jamais content quoi !!
Je suis logé chez l'oncle et la tante d'un ami de lycée. Ils sont très occupés par leur profession. Elle travaille comme chercheuse à l'IRD de Nouméa sur la faune et flore sous marine. Malheureusement , son travail est présent à son esprit en permanence. Du coup, il est difficile de parler d'autre chose. C'est un peu fatigant !


LE COL DE LA PIROGUE CHEZ JULIEN

J'ai décidé de découvrir le monde de la permaculture durant ces 3 semaines en Nouvelle-Calédonie. Comme d'habitude, j'ai trouvé par internet un réseau qui accueillent des volontaires. Je prends donc le bus de Nouméa pour m'enfoncer dans la Brousse. C'est le nom donnée à la campagne Kanak. L'anecdote du jour, je tombe sur un chauffeur de car qui ne connaît même pas ces arrêts. A la montée, je lui demande de m'indiquer quand descendre. Après 40 minutes, je préfère vérifier avec une passagère : "Le col de la Pirogue ? On vient de le passer !". Génial, je dois donc m'arrêter à l'arrêt suivant et remonter à pied car c'est bien un col ! Je croise finalement Julien qui était venu à ma rencontre. La Jeep est de rigueur dans le coin. On s'engage dans la jungle sur une piste qui monte à pic ! Je découvre mon nouveau lieu de vie. Je suis dans une ancienne tarodière (le taro est une tubercule) laissée à l'abandon et transformée en jungle en pentes abruptes. Julien et sa femme Stéphanie se sont lancés dans cette aventure à l'âge de 23 ans et ont acheté cette parcelle de jungle. Ils ont d'abord construit une cabane pour y vivre près de 6 ans avec leurs 2 enfants ! Le temps de préparer le terrain puis construire leur maison en bois. Tous les matériaux ont été montés à la main et grâce à un palan car un camion ou une grue ne peut pas accéder au site ! VIDEO de la visite de la cabane


Certaines traverses atteignent 18 mètres de long ! Des ouvertures sont laissées autour de la charpente pour permettre une bonne circulation de l'air et éviter que le bois ne verdisse. Ils sont totalement autonome en énergie. L'eau provient du captage d'une source en amont. L'électricité est fournie par une turbine au pied d'une chute d'eau. Leur chauffe-eau fonctionne aux panneaux solaires. Il est donc préférable de prendre sa douche par beau temps ! Bien sûr, ils utilisent des toilettes sèches. Les eaux grises sont, quant à elles, dirigées vers un bassin de rétention. L'eau traverse de la roche pour être filtrée puis des plantes de papyrus pour être purifiée. L'eau rejetée dans la nature est aussi propre que celle captée !!

Bassin de purification des eaux grises

Pour l'escalier, un maçon, ami de Julien, lui a dit : " c'est trop carré chez toi, il va falloir arrondir un peu !" Les rampes de l'escalier sont formées de sacs de toiles remplies de ciment. Ils peuvent, avant le séchage, être modelés à volonté ! Très original.







La maison est une vraie caverne d'Ali Baba où il fait bon vivre. La preuve, les épeires sont de sortie, elles sont partout autour de nous ! En fait, Julien part du principe que tant qu'elles ne sont pas dans le passage, elles ne dérangent pas.




 
Je vous propose donc un petit tour du propriétaire (VIDEO) pour découvrir les alentours de la maison.

Au programme de la semaine, débroussaillage au sabre de la piste d'accès à la maison, récolte de pamplemousse avec une perche , construction d'un sauna et donc initiation à la permaculture.
 


Je résumerais la permaculture comme une méthode de production agricole durable, très économe en énergie (travail manuel et mécanique, carburant...) et respectueuse des êtres vivants et de leurs écosystèmes, tout en laissant à la nature « sauvage » le plus de place possible. Le but est surtout d'apporter un maximum de biodiversité dans un seul lieu pour créer un équilibre de vie. La chaîne alimentaire est respectée entre prédateurs et proies, donc pas besoin de pesticides. La Nouvelle-Calédonie est quand même un grand avantage. Son climat presque tropical permet une production diverse et abondante de fruits et légumes en tout genre. Rien que chez Julien, j'ai pu découvrir : pamplemousses, bananes, une vanilleraie, goyaves, papayes, noix de coco, christophines (ou chayottes ou chouchoutes), fruits de la passion, courges, choux, haricots quatre coins, canne à sucre, éponges végétales, l'igname, le taro.... et j'en passe.

Cette méthode peut être réalisée n'importe où et à petite échelle. J'ai de moi-même un projet dans ma colocation actuelle (à Nantes, en octobre 2015). Vous pouvez même vous lancer à partir d'un jardin à la pelouse coupée comme sur un terrain de golf !!! Cela par contre  du temps. Planter de nombreux arbres différents pour créer cette biodiversité... et laisser la nature se faire pour obtenir au bout d'une dizaine d'années une petite forêt. Concernant la culture des plantes elles-mêmes, il faut créer un substrat très productif qui ne demandera que très peu d'entretien. On réalise donc une butte de terre. (VIDEO) On creuse d'abord un trou de 30cm, rectangulaire de la largeur de deux fois le bras pour permettre d'atteindre n'importe quel endroit de la butte sans marcher dessus. Au fond de ce trou, on y dépose :
- du bois et du carton, pour apporter du carbone à la terre
- du "vert" (tonte de pelouse, végétaux verts) pour apporter de l'azote à la terre
- du compost
- beaucoup d'eau pour un "réservoir" de base
- la terre déplacée pour former la butte
- du paillage (paille ou bourre de coco en Nouvelle-Calédonie
Le paillage aura deux propriétés, amortir des gouttes de pluie pour éviter de tasser la terre, isoler la terre de la chaleur ou du froid.

Julien est docteur en écologie et a réalisé sa thèse sur les fourmis envahissantes. Il a d'ailleurs a été interviewé plusieurs fois pour une émission scientifique diffusée sur la TV Kanac "Les coulisses de la sciences".
VIDEOS :


Régime de bananes "cochon"
frites dans de l'huile de coco
Cela remplace les tartines de pain
Excellent petit déjeuner !
La christophine ou chayotte (cela a un petit goût d'artichaut)



On mangeait très très bien chez Julien et Stéphanie. Bananes cochon frites dans de l'huile de coco, accompagnées de confiture de Guarana, Agrumes/vanille, Goyave, Jamelon (mauve). Par exemple, repas de midi avec concombre, pousse de citrouille, pousses de citrouilles; repas du soir avec chayottes, champignons, haricots quatre coins et sauce soja.


AU MONT MOU CHEZ LAURETTE ET DOMINIQUE

Julien, Stéphanie et leurs enfants avaient besoin de vacances. Après une semaine chez Julien, il m'a donc proposé d'aller travailler chez une amie non loin de là. Dominique est une vraie passionnée de la permaculture et se lance dans des projets très impressionnants. Partie d'un terrain à une pelouse toute propre, elle a planté de nombreux arbres très divers pour obtenir une forêt une dizaine d'années plus tard. Son fils a maintenant pris la relève et elle a décidé d'aller aider une amie qui vient d'acheter un grand terrain pas loin de chez elle. Je débarque donc pour une nouvelle semaine au pied des pentes du Mont Mou près de Païta. Je suis en fait à vol d'oiseau à une centaine de mètres de chez Julien mais il n'y a pas de route ou de sentier. Il faut donc redescendre dans la vallée pour faire tout le tour !! Je rejoins une bande de 3 copines de 50-55 ans, anciennes collègues enseignantes. C'était très intéressant car j'ai participé à la création des fameuses buttes. Tout ce fait bien sûr manuellement, cela prend donc un temps fou. L'emplacement a été choisi pour l'ensoleillement et l'inclinaison du terrain. Par contre, la terre n'est pas de bonne qualité. Il faut donc aller en chercher le long du cours d'eau, à la brouette.
Un autre travail a été de réaliser du purin avec du baume, une fleur bleue/mauve qui pousse sur tout le terrain. Je dois donc tout ramasser, remplir des seaux à ras bol, les couvrir d'eau et fermer le couvercle ! Cela va macérer pendant 2/3 semaines pour obtenir le purin. Les autres travaux étaient du débroussaillage toujours au sabre, replantage de bananiers... Il y avait de quoi faire ! L'ambiance était sympa. Toujours de la bonne cuisine. 






L'ASCENSION DU MONT MOU

Je travaille tous les jours face au Mont Mou qui domine une grande partie des terres aux alentours. Je décide de réaliser l'expédition en solo pour profiter de la belle météo du moment. Malheureusement, je me perds dans la montagne et préfère renoncer. Je décale donc la randonnée au lendemain après avoir obtenu les bons conseils pour rejoindre le sentier sans se perdre. Seul souci, après une semaine de soleil, la pluie s'invite le jour même ! Je dois donc rentrer sur des terres kanaks. Je rencontre un couple d'australiens qui recherchent le même chemin que moi ! On décide d'aller voir les locaux pour se faire guider. Je dois donc faire l'interprète en français. Je n'ai pas l'habitude de cette situation. C'est très rigolo d'entendre des anglophones essayer de s'exprimer en français. On passe très rapidement à l'anglais pour plus de facilité. Au bout de 20 minutes, on pense avoir trouvé le sentier et on remonte le lit d'une rivière. On galère pas mal pendant une heure pour enfin abandonner ! Ce n'est sûrement pas le bon chemin !


C'est en reprenant la route à voiture que je vois un signe très discret au bord de la route. Un vieux panneau indique : Sentier du Mont-Mou. Il est déjà 14h30. On hésite donc à y aller car il faut 4 à 5 heures aller-retour. Finalement, après avoir dit au revoir aux australiens, je fais demi tour pour les rejoindre ! ("Tu vas regretter plus tard si tu n'y vas pas" me dit une petite voix dans ma tête). Malgré déjà deux heures de marche dans les jambes, la pluie et le brouillard, on repart très motivés. Cela monte de manière très abrupte tout le long. On marche sur la ligne de crêtes avec peu de végétation puis dans une forêt de mousse. La terre rouge est très glissante et on ne peut malheureusement pas profiter du panorama. Un vrai brouillard, on ne voit pas à plus de 20 mètres ! 
Mais voici ce qu'on AURAIT du voir !

C'est par là !
Forêt de mousse

Sommet du Mont-Mou


Vue de Nouméa





Arrivé vers 16h30, on doit se résoudre à redescendre sans savoir si nous avons atteint le sommet ! La nuit arrive vite et la descente est une vraie galère car le sol est super glissant ! Descendre sur les fesses est souvent le plus simple. On marche la dernière demi heure dans l'obscurité totale. Je découvre que Craig et Stephen n'ont même pas prévu de lumière. je dois donc ouvrir la marche. J'avoue que je suis vraiment épuisé de retour sur la route. Heureusement, Craig et Stephen me ramène chez Julien. Ils habitent près de Melbourne et me propose de se retrouver lors de mon passage par là-bas. En tout cas, les tennis "ont pris cher" !

VIREE A THIO

On part pour la journée avec Julien sur la côte Est. Je découvre enfin les paysages incroyables de l'arrière pays. Ce qui me frappe, c'est bien sûr le contraste des couleurs vives : l'ocre du ferro nickel, le bleu du ciel, le vert de la végétation.




LIFOU

Après deux semaines en Nouvelle-Calédonie, il était temps de bouger un peu. Je décide donc aller durant 4 jours sur l'île de Lifou. Comme d'habitude, j'ai eu une chance incroyable. Je devais quitter la maison de Julien pour passer la nuit sur Nouméa. Avant de partir, je retrouve Julien qui fait visiter son jardin à un ami. Vincent me propose de me ramener sur Nouméa. Pourquoi pas ! Dans la voiture, vu que je n'ai pas de plan pour dormir, il me propose de dormir chez lui. Pourquoi pas ! Je lui dis que je vais séjourner sur Lifou. Je n'ai encore rien réservé pour dormir là bas. Il me propose d'être hébergé chez sa fille qui vit sur l'île depuis quelques années. Pourquoi pas !! Une famille vraiment adorable.



Je décolle donc le lendemain pour Lifou et 30 minutes de vol. Je découvre que l'auto-stop est le mode de déplacement sur l'île : parfait ! Rencontre avec un groupe de jeunes dont un couple qui revient.... de Nouvelle-Zélande bien sûr. On passe la journée ensemble : sortie snorkeling avec harpon.



J'arrive du côté Esao pour aller faire une plongée après 13 ans d'arrêt ! Je pensais ne pas pouvoir plonger car je n'avais aucun document prouvant mon niveau 2. Mais non, pas de problème. 2 plongées à 20 mètres dans un cadre magnifique.



Je refais du stop dans l'autre sens pour rejoindre Jozip où habite la fille de Vincent. A la 2ème voiture, le chauffeur me demande où je vais : "chez Jérôme et Anaïs" et il me répond : "Ca tombe bien, c'est moi Jérôme !"
Je suis donc accueilli chez Jérôme,Anaïs, Anouk (Tijana) et Titouan (Iwé). Les enfants ont donc un nom "local" : le drehu. Ils ont rejoint la tribu de Jozip. Ils sont profs de sport et de biologie au lycée des îles à Lifou. Ils ont aussi la bougeotte et vont prendre un mi-temps annualisé pour partir 6 mois en Europe l'année prochaine.


Randonnées en bord de mer et en forêt




RENCONTRE D'UN "ILLUMINE DE HIENGHENE"

De retour à Nouméa, j'ai terminé mon séjour en Nouvelle-Caldéonie chez Pierre et Denise. Un couple que mes parents ont rencontré en Nouvelle-Zélande et qui m'ont invité ! Comme tous mes hôtes, ils ont été formidables. Pierre m'a fait partagé quelques années de sa vie de professeur d'histoire géo dans la brousse durant la fin de sa carrière. A 58 ans, il est en poste pour 2 ans  dans  un établissement scolaire appelé Groupement d'Observation Dispersé qui accueille tous les enfants des tribus de la vallée de la Hienghène (là aussi, regardez une carte !) Deux semaines après son arrivée en mars 1998, il décide d'organiser un projet pédagogique par une mini Coupe du Monde de Football. Le projet sera connu dans tout le pays et Pierre sera appelé "l'illuminé" car personne n'a voulu soutenir son projet. Pourtant l'évenement, qui a eu lieu deux mois avant la veritable coupe du monde, sera soutenu par Platini ! Belle aventure.





LE CENTRE CULTUREL TJIBAOU

Avant de quitter la Nouvelle-Calédonie, il me fallait passer par le centre culturel Tjibaou. Le musée construit par Renzo Piano en 1998 en hommage au militant indépendantiste kanak Jean-Marie Tjibaou, assassiné en 1989. Il était à l'origine de Mélanésia 2000, premier festival des arts mélanésiens de Nouvelle-Calédonie en septembre 1975 à Nouméa.



Prévu dans les accords de Matignon de 1988, ce centre de la culture kanake a été édifié sur un terrain de 8 hectares cédé à titre gratuit par la ville de Nouméa. Le chantier est inscrit dans le cadre des Grands Travaux de la République de Mitterrand. Il est inauguré en 1998 par Jospin lors de l'accord de Nouméa.

Les dix hautes structures nervurées et effilées rappelent les cases traditionnelles kanakes. Chaque case propose des expositions permanentes ou temporaires liées à la culture kanake.

Mariage kanak, le mari accueille sa femme dans sa tribu

Danse durant le mariage
 Une exposition exceptionnelle relate la conditions terribles vie de plus de 2000 prisonniers maghrébins (essentiellement algériens) envoyés dans les bagnes de Nouvelle-Calédonie entre 1864 et 1897.





Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire